Le boum des études stupides

Ce n'est pas parce que vous trouvez une étude stupide qu'elle l'est forcément

C’est la grande mode du moment dans le domaine des sciences et de la santé. De grandes études pointent régulièrement le bout de leur nez dans les médias pour annoncer que non, les blondes ne sont pas plus stupides que les autres ou qu’avoir des relations sexuelles la tête à l’envers réduirait le cholestérol… Que penser de ces études insolites ?

 

La culture du LOL dans les médias

L’information est tombée récemment, annoncée avec un mélange de sérieux et de rigolade par les médias les plus sérieux : les blondes ne sont pas plus bêtes que les autres femmes… Ne riez pas, c’est le résultat d’une étude scientifique tout ce qu’il y a de plus sérieux (la preuve).

Ou plutôt, c’est le résultat d’une volonté des médias de rendre intéressant un fait peu médiatique en l’associant à un détail. Car l’étude en question ne tire pas concrètement de conclusion sur un fait qui, de toute façon, n’avait pas franchement de crédit aux yeux des scientifiques. Il est plutôt question de l’isolation du mécanisme génétique qui entraîne dans une partie de la population l’apparition de cheveux blonds. Ce mécanisme repose sur le gène nommé « Kit Ligand » et lui seul. Du coup, avoir les cheveux dorés n’entraine aucun autre aspect de la biologie de la personne, et par conséquent son intelligence.

Ce que l’on notera, c’est que les médias ont plus ou moins mis de côté l’information importante pour faire dans le sensationnel. Le gène de la blondeur ? Bof. Le fait que blonde n’est pas forcément lié à stupide ? Sujet de débat assuré entre collègues ou dans le couple.

Dans le même ordre d’idées, difficile de passer à côté des études sur le sexe : faire l’amour réduit le risque de cancer, le sperme est bon pour la peau… Ces études reposent souvent sur des faits scientifiques peu avérées mais sont souvent en une des médias pour leur côté drôle et souvent un peu macho. Sur le sujet, vous trouverez un très bon article ici.

 

Un vrai projet scientifique (parfois)

Mais il ne faut pas pour autant jeter la pierre aux études insolites. Si souvent elles sont sujet de débat stérile sur les sites d’information (voir la section commentaires de l’article sur les blondes), ces études cachent souvent une véritable volonté scientifique.

L’exemple le plus probant est celui d’Andre Geim, physicien néerlandais ayant remporté le prix Nobel de physique en 2010 pour ses recherches sur les graphènes et les propriétés physiques du carbone. A première vue, rien de plus sérieux. Et pourtant l’homme a réussi l’exploit d’être le seul au monde à avoir obtenu une distinction dans les Ig Nobel. Il avait alors réussi à faire léviter une grenouille à l’aide d’aimants.

Les Ig Nobel ? C’est une sorte de parodie des Nobel qui récompense les études étranges. Et pourtant ces études peuvent être très sérieuses dans le fond. En 2006 par exemple, le prix de physique fut remis à des chercheurs parisiens ayant étudié pourquoi les spaghettis secs se cassaient. Sachez que cette étude, à priori inutile, a des suites aujourd’hui dans l’étude architecturale et peut permettre de faire de véritables avancées.

Voilà donc pourquoi il ne faut pas jeter la pierre aux chercheurs. A la manière de la pénicilline, trouvée par pur hasard, qui sait quel bienfait pourrait sortir d’une étude sur la relativité du temps pour un escargot ?

 

L’explication et le palmarès des Ig Nobel, c’est à retrouver ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Ig_Nobel